
Les emplois de demain
L’emploi demain, à quoi ressemblera-t-il ? C’est bien l’une des questions qui sous-tend la manifestation et les inquiétudes d’aujourd’hui : quel avenir dans le monde du travail ? à quel salaire ? etc…
En novembre 2008, Lucie Robequain (journaliste au quotidien Les Echos, en charge des questions d’emploi) et Fabrice Lacombe (notamment président pour la France du cabinet de conseil en recrutement Michael Page International) livraient leur état des lieux prospectif sur “Les Emplois de demain“: quels seront-ils ? Quelles sont les tendances identifiées qui peuvent permettre d’anticiper les besoins du marché du travail des années 2015.
L’ouvrage se décompose en 3 parties : tout d’abord une analyse du marché de l’emploi et les métiers du recrutement en France, puis l’observation des avancées dans les pays étrangers et enfin la Prospective du marché du travail à l’horizon 2015.
Le livre est intéressant, factuel, synthétique, précis et s’appuie sur des sources d’experts. Tous les acteurs de la chaîne de valeur sont passés en revue (recrutés, recruteurs, recrutant et non recrutés) et mis dans une perspective dynamique : ce qui se passe aujourd’hui et ce qui va se passer demain.
En résumé, “les emplois de demain” pourrait servir de vision synthétique aux nouvellement promus : Martin Hirsch et Richard Descoings.
Il ne faudra cependant pas attendre de solutions…qui pourraient créer polémiques ?(parti pris ? contrepied du rapport Attali?), Certaines émergent ici et là. Je cite deux exemples :
- Sur le temps partagé et le développement des multisalariés : “pour l’heure les quelque 400 groupements d’employeurs ne salarient que 8000 personnes, la plupart dans le secteur agricole”. “une entreprise sur cinq pourraît être concernée précise Max Vallancourt, responsable de l’Observatoire du temps partagé (OTP). Celui-ci permet aux multisalairés d’avoir un contrat unique, un CDI, établi par une association loi 1901 à laquelle tous les employeurs sont adhérents.
- Sur le télétravail : “le télétravail répond au souhait de mieux équilibrer vie privée et vie professionnelle, et contrairement aux idées reçues il est un facteur d’accroissement de la productivité estime le député Pierre Morel-A-Luissier (UMP) auteur d’un rapport sur ce sujet. Plus loin dans le livre on saura que ce mode de travail ne fait néanmoins pas baisser le stress. Mais que les entreprises françaises (anglosaxonnes) qui ont mis en place le système sur la Région Parisienne semble être très satisfaite des résultats obtenus.
- “Notre système d’orientation est le premier responsable du chômage des jeunes” – Dominique de Calan, spécialiste de la formation porfessionnelle qui occupait jusqu’en 2007, la fonciton de Délégué général adjoint de l’Union des Industries et métiers de la métallurgie.
- “Pour conserver leur main d’oeuvre, certaines entreprises préfèrent laisser leurs salariés réaliser leur propre projet éthique”.
- “Les nouvelles technologies ne vont cependant pas faire que remplacer des machines par des robots, et des hommes par des ordinateurs. Elles engendrent une nouvelle organisation du travail dans laquelle la polyvalence des salariés est particulièrement prisée.” etc…
- Peut-être des exemples plus récents de politiques innovantes : si la Norvège fait aujourd’hui figure d’exception en matière d’innovation nationale, l’initiative lancée fin 2007 par l’Angleterre en instaurant un Ministère de l’Enseignement, Innovation et Compétences mérite d’être relevée et écoutée.
- En matière d’innovation, les pays émergents ont beaucoup à nous apprendre et “les emplois de demain” n’y fait pas allusion. Si leur contexte semble diamètralement opposé au nôtre avec la pauvreté s’invitant comme toile de fond, les thématiques transverses restent intéressantes à suivre (capacité à former et faire évoluer, à attirer des talents, à gérer des disparités géographiques, à inclure les femmes dans le travail etc…).
Pour se faire des idées neuves sur le sujet, suivre la revue “Standard Social Innovation Review” ou (re) lire les recherches menées par Linda A.Hill sur l’innovation de management dans les pays émergents. Cette chercheuse apporte un éclairage complémentaire en matière de compétences recherchées et talents développés “en local”.
Quelques lectures recommandées en complément :
- IFTF (prospective) : Le dossier complet “The Future of Work” (voir map ci contre).
- PriceWaterhouse : “The Future of Work to 2020”
- NESTA (recherches sur The Future of Work) : newsletter gratuite
- UFI : Vision 2020 ou les compétences à venir vues par les dirigeants.
- UFI : Etude sur le futur des compétences.
- Et pour finir par un document “visuel” proposé également par l’UFI : la carte de l’évolution des compétences et influences clés depuis l’homme des Cavernes jusqu’en 2040.
Les acteurs sont-ils prêts à changer ensemble… en cette année européenne de l’innovation et de la créativité ?